Vendredi dernier j’ai organisé la première séance publique de dédicace de mon dernier thriller l’Affaire Marvin Brow pour ma communauté marseillaise de lecteurs et amis. Un moment convivial et fort sympathique qui m’a permis de dialoguer et de répondre aux questions de mes invités. Une question revient souvent : comment crée-t-on une histoire comment planifie-t-on un livre ?
Autrement dit, y-a-t-il une méthode, connaît-on la fin d’un livre avant d' entamer le début, les personnages ont-ils une “vie” propre ?
Pour schématiser, il y a essentiellement deux méthodes, avec de nombreuses variantes. L’écrivain jardinier et l’écrivain architecte.
Le Jardinier démarre son livre sans rien planifier (en principe) et déroule ses idées et son intrigue au fil de l’eau.
Ses personnages évoluent au fil de sa plume et l’auteur libre de toute contrainte (du moins le croit-il) fait évoluer son histoire au gré de sa fantaisie et de son imagination.
L’Architecte en prend le contrepied. Il planifie tout (croit-il), documente, détermine le moindre détail de l’histoire, passe au fil à plomb chapitres et sous-chapitres et passe ensuite à l’écriture.
Voilà pour la théorie.
En pratique, les choses sont beaucoup plus complexes.
D’abord parce qu’il est rare de trouver des archétypes rigoureux de chacune de ces méthodes.
Deuxièmement parce qu’à mon sens la liberté absolue en écriture n’existe pas, contrairement à ce que revendiquent certains adeptes du jardinage. Chaque mot est l’élément d’une chaîne, une brique qui sert à bâtir le mur sur lequel s'adosse la construction finale, pour rester dans la métaphore.
Outre le schéma intellectuel, il faut y ajouter le genre du livre. Pour raconter une histoire et séduire votre lecteur, il est préférable que celle-ci tienne debout. Ce qui suppose de la planifier à minima.
Les auteurs de thrillers et polars, par exemple, sont plutôt des architectes, car ce style a des prérequis incontournables : dates, faits, flashbacks, suspense, cliffhangers et, le cas échéant, twist final.
Bref : entre le Jardinier et l’Architecte, entre la cabane à outils et le bâtiment en pierre, les parois sont un peu comme le miroir d’Alice : il suffit de passer de l’autre côté pour changer de paradigme ;O))
Jean da Luz-Figueiredo est auteur de thrillers.
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